LA NOSTALGIE: un retour à la souffrance ?
La nostalgie est le déclencheur de la majorité de nos choix, nos décisions, projets, quêtes de « scènes » de bonheurs, rêves passionnels, rejets de solutions proposées, cloisonnement de l’esprit face à des chemins s’ouvrant à nous, répétitions de cycles émotionnels déjà vécus, douleurs et souffrances restimulées… Construction de rêves et du sens donné à sa vie et à son avenir espéré…
Le mot nostalgie vient du grec νόστος (nóstos): le retour, et ἄλγος (álgos): tristesse, douleur, souffrance ; « le retour à la souffrance », voilà le sens étymologique qui est le reflet du descriptif du mécanisme psychologique rattaché à ce mot.
Ce mécanisme de la nostalgie s’instaure sur la base de deux phases successive :
1 – Une période de bonheur, émotion de plaisir, de joies éprouvées
2 – Période conclue, après un court, moyen ou long terme, par un abandon, un départ, une perte, un évènement douloureux… instaurant une dépendance d’une rupture émotive rattachée avec le moment de bonheur vécu.
Les sources de la Nostalgie:
Le nombre de situations contextuelles déclenchant un sentiment plus ou moins intense et prenant de nostalgie, est illimité : selon diverses émotions éprouvées par chacun, intégrées au temps de la gestation, rattaché aux contextes éducatifs parentaux et rapports de fratrie, aux émotions interprétées personnellement sur la base des ancrages émotionnels rattachés aux évènements vécus dans le passé… Cependant, la trame Nostalgique de chacun est bâtie sur la base de la source la plus ancienne de l’enfance, sur laquelle s’emboîtent ensuite plusieurs évènements successifs se structurant en se renforçant sur les fondements de « l’évènements » et « l’émotion » source.
De façon illustrative à la façon d’un gros oignon, le temps de vie émotionnellement vécu comme un moment de bonheur définitivement scellé au cœur de notre mémoire, pour nous avoir baigné dans le plaisir, la joie, la sécurité, la valorisation, la reconnaissance affective et la réussite se situe au centre de l’oignon.
Puis le cercle rouge symbolise le temps de rupture douloureuse avec ce temps de vie de bonheur : un évènement d’abandon, de perte, de rupture, de déchirure, de départ… subit dans la souffrance, la détresse et les larmes. Ces deux phases constituent la structure même du sentiment Nostalgique : Un temps de bonheur paradisiaque satisfaisant à nos émotions intérieures, couplé avec le moment de rupture définitive avec cette page de vie lumineuse, déclenchant une peine majeure, une tristesse insurmontable, une souffrance définitivement ancrée dans notre cœur, notre cerveau limbique et notre mémoire…
Seulement la mémoire consciente ne fait prioritairement ressurgir que les temps de bonheurs vécus, se transfigurant en rêve à atteindre ; le temps de blessure ne se révèle éventuellement qu’au second plan, par la mémoire, mais le plus fréquemment par la restimulation inconsciente face à des situations et paramètres de similitude avec la blessure passée et déclenche alors le sentiment de regret profond, les larmes de rupture, voire la colère face aux raisons ayant conduites à la rupture. Toutes ces cycles émotionnels répétitifs instaurent dans nos esprits et notre cœur une pulsion de quête vers un avenir espéré, en lien avec l’ambiance, l’atmosphère, les paramètres et conditions structurelles et environnantes, de ce temps de bonheur perdu, cette pulsion instaure en notre esprit les images d’un rêve de quête d’un temps de bonheur retrouvé… cela construit nos engagements, nos choix, nos émotions sur le chemin de notre vie future.
Cependant, dans cette quête nostalgique de notre vie, selon le degré de souffrance éprouvé dans la rupture avec une page de bonheur passé, toute tentative de reconstruction de ce temps vécu conduit au réveil inconscient des blessures ancrées, conduisant au renouvellement d’une peine renforcée, restimulant la détresse antérieurement éprouvée et à un nouvel échec avec le projet de reconstruction de ce bonheur perdu.
Tout d’abord, on cherche, à son insu, à reconstruire la structure et les conditions parfaitement identiques avec ce bonheur mémorisé dans le regret nostalgique, si bien que cette quête intérieure se traduit en impositions fermes de ses choix strictement personnel autour de soi, voire de façon virulente, coléreuse dès lors que les personnes confrontées à cela, et peut-être motivées par une quête nostalgique différente, affichent leurs désaccords avec les choix imposés, soi parce qu’ils ne leurs plaisent pas ou parce qu’ils y trouvent une consonance irrationnelle en eux.
Cette tentative de reconstruction émotionnelle nostalgique intérieure dans la structuration de sa vie par de nouvelles rencontres, nouveaux projets, etc.… fait alors, malgré soi, à son insu, revivre, de façon similaire ou par des paramètres différents, mais non sans lien de similitudes, l’évènement de rupture blessante et de souffrance avec cette page de bonheur passé recherché. C’est ce que représentent les cercles successifs d’oignon, avec la phase de vie reconstruite en blanc et la rupture re-déclenchée et revécue en rouge, mais avec un renforcement à chaque fois plus consistant de l’émotion de souffrance, ouvrant les portes de la colère, la rébellion, la haine lorsque chaque situation revécue semble renvoyer vers la souffrance passée.
La Nostalgie, même si on l’assimile à un regret d’un bonheur passé, est bel et bien un retour à la souffrance…
La nostalgie est le moteur de multiples quêtes diversifiées de vie, en fonction du vécu de chacun et de l’interprétation émotionnelle de chacun, rattachées aux différents évènements de rupture subis ou/et déclenchés par soi-même dans une impulsion de souffrance émotionnelle, face à une confrontation à un contexte restimulant.
Des quêtes nostalgiques, alors associées à un rêve de vie, peuvent conduire à se rattacher à un lieu particulier de vie, un style d’habitat, un milieu contextuel particulier naturel ou urbain, à l’envolée de soi dans un nombre considérable de voyages, au refus de rester longtemps en un lieu de vie, à l’obsession de construire un univers de vie particulier et de rester souvent enfermé chez soi, à une activité particulière comme la croisière, l’escalade, la plongée, la musique, les jeux de casinos, etc.…, à un cadre professionnel rattaché à des valeurs humaines, à des traditions générationnelles ou à un objectif de profit personnel, à une capacité de satisfaire à des loisirs simples ou à des loisirs de luxe, à la recherche d’un lien affectif particulier comme exclusivement recevoir de l’amour pour soi, éprouver de la reconnaissance affective, l’appropriation dominante d’un(e) conjoint(e), sa totale soumission à un(e) conjoint(e), le partage réciproque en couple, la concrétisation d’une famille avec de multiples enfants, avec surtout aucune fille ou aucun garçon, ou sans aucun enfant, à la réalisation de sa vie dans un monde exclusivement animal, dans l’élevage canin… Et tant de chemins multiples et divers, dont des perversions desquelles on devient totalement dépendant et esclaves.
Ce qui est important à comprendre c’est cela : La pulsion nostalgique inconsciente instaure chez la personne concernée des modes de choix, de pensées, de croyances, de vies… très ciblés et strictement personnels, qui conduisent la personne à une quête de conditions similaires au contexte recherché (comme un amour perdu dans la peine, conduit à l’inconsciente quête d’une personne au profil, visage ou manière d’être similaire et ressemblant au mieux à l’amour perdu, dans le but de le reconstruire à nouveau dans le secret intérieur), si bien qu’une fois dans le contexte « retrouvé » au début duquel tout se déroule apparemment bien, les impositions restrictives des choix personnels nostalgiques se confrontent progressivement aux visions divergentes des personnes de l’entourage. Deux personnes aux nostalgies similaires, plus aisément encore si il en est qu’une seule, unique, majeure et partagée, peuvent relativement bien reconstruire leur vie sur la base de leurs pages de vie passée, dans une entente constructive. Deux personnes aux nostalgies divergentes sur un thème similaire, auront un grand mal à trouver un point d’accord partagé. Deux personnes aux nostalgies multiples et divergentes, mais avec un ancrage nostalgique similaire vivront dans un cycle instable avec des moments d’entente calés sur le contexte nostalgique commun et des moments de désaccord sur les situations nostalgiques divergentes.
Les illustrations ci-dessous montrent les différents modes opératoires de chacun de nous selon l’accumulation de Nostalgies ancrées, la récidive de blessures au fil de la vie, la dominance des souffrances et des colères associées sur l’évolution d’une vie.
Se libérer des ancrages nostalgiques
La Nostalgie est par-dessus tout ancrée sur la base cruciale de la blessure de rupture vécue face à la page de vie concernée, alors regrettée. Pour cette raison, chacun doit faire l’analyse avec un recul profond sur ses propres « passions », « ambitions », « convictions », «rêves», dès lors que, en confrontation avec un avis divergent, ils réveillent une vive émotion intérieure mêlant peine (quand on sent son choix rejeté), invalidation (lorsqu’on sent ses arguments remis en cause), colère (en confrontation avec l’avis divergent), etc.… afin de comprendre qu’ils ne sont fondés que sur la base de blessures concrètes éprouvées, mais aux conséquences irrationnelles et non objectives.
Nos passions peuvent conduire nos vies rationnellement dans la joie positive, dès lors qu’elles ne sont pas rattachées à la réparation d’une blessure passée de nostalgie, mais à des valeurs fortes et éprouvées, liées à la construction d’un sens éthique et sensé de La Vie. Ainsi, nous devons ouvrir nos chemins de vie de bonheur vers des visions du futur, bâties sur le vécu du temps présent dans l’objectivité, en nous détachant totalement de nos ancrages de vie passées, qui ne font que nous cloisonner dans un chemin étroit et aux multiples portes clauses. Une fois l’examen personnel fait, voire avec le soutien et le conseil d’une personne ouverte et aidante, si des émotions vives et sensibles sont liées à des ambitions nostalgiques rattachées à des phases de vie passées, alors il sera très possible d’entrevoir la nécessité bénéfique de suivre un cycle de séances d’E.M.D.R. (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) dont l’objectif concret est de dé-stimuler les ancrages traumatiques profonds et stockés au cœur du cerveau limbique ou alors, par des séances de sophrologie caycédienne (école Alfonso Caycedo) visant à l’instauration de technique de relaxation dynamique et de prises de recul sur des ancrages obsessionnels.
Le vraie sens bénéfique de La Vie se révèle à nous, en lien avec une ou plusieurs personnes, ou alors à nous seul, avec nos passions positives, confiantes et ouvertes vers l’avenir uniquement, dès lors qu’on se contente de faire le bilan objectif des perceptions positives liées au temps présent et qu’on veille bien à refermer définitivement les pages de notre vie passée, cadencée par des blessures aux intensités variables, sans ne jamais les réveiller dans sa passion pour argumenter des ambitions et des choix personnels.
La Nostalgie est une émotion émouvante réveillé dans nos moments de solitude, nous renvoyant au cœur de souvenirs passés et regrettés, transmis tel des rêves d’un temps imaginaires, elle est le moteur de larmes répétées, de souffrances renforcées, parce de refaire vivre de façon parfaitement identique un moment passé est une chose impossible, sinon dans les apparences, mais aucunement dans les réalités à jamais effacées.